Interview

La Nouvelle-Aquitaine est la première région à accompagner le développement de la filière drone

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 UAV Show, le Salon professionnel européen du drone co-organisé par Beam et la Technopole Bordeaux Technowest, reprendra son envol du 14 au 16 octobre prochains au Palais des Congrès de Bordeaux. Véritable totem de la filière, l’événement rassemblera 110 exposants et 2 500 professionnels tournés vers les évolutions émergentes du secteur. Rencontre avec François Baffou, Directeur Général de Bordeaux Technowest et Commissaire du Salon.

 

UAV Show prend le cap de la défense pour sa prochaine édition 2025. Pourquoi ce choix ?

Depuis 2010, date de la première édition, le Salon était effectivement très orienté filière civile. Les drones militaires étaient plutôt réservés aux programmes étatiques. Compte tenu de l’actualité internationale récente, nous avons constaté la nouvelle porosité qu’il existait entre le civil et le militaire. Aujourd’hui, de nombreuses sociétés qui utilisaient des applications civiles, ont basculé vers des applications de défense en raison de la demande grandissante. Les commandes augmentent, le business se densifie et le contexte géopolitique pousse en ce sens.  

Devenu un rendez-vous incontournable de la filière drone en France, UAV Show ne pouvait pas ignorer cette forte tendance qui tire actuellement le marché. A ce titre, les chiffres sont intéressants à comparer : il y a deux ans, la filière défense constituait 10 % de nos exposants. En 2025, ils seront présents à 50 %, et peut-être plus, d’ici l’ouverture du Salon.

 

UAV Show porte la « dualité » du marché civil et du marché militaire. Quels ponts y a-t-il entre ces deux mondes ?

Historiquement, dans le cas de l’industrie du début du siècle, il ne faut pas oublier que c'est l'aéronautique militaire qui a créé l'aéronautique civile, avec la première guerre mondiale et les premiers avions qui deviennent des outils d’observation ou des armes. Les drones ont évolué de la même manière. A l’échelle militaire, on peut considérer que les Israéliens sont à l’initiative de la filière drone. A l’échelle civile, la France, et même localement, puisque la première société qui a conçu un drone civil est bordelaise.

Pendant des années, la frontière entre ces deux univers a été très marquée. Mais maintenant, et on l’observe depuis un an, la situation a évolué. Les technologies développées pour les drones militaires bénéficient beaucoup à la filière civile. Finalement, ces deux secteurs s'entraident directement et s'auto-alimentent en innovations technologiques. Ces deux mondes se rejoignent. Les drones civils sont en revanche soumis à des contraintes réglementaires spécifiques, à la différence des drones militaires.  

 

En quoi la Nouvelle-Aquitaine est-elle un territoire stratégique pour l'industrie du drone ?

Le premier projet de drone civil a été porté par deux jeunes ingénieurs de la société Aelius en 2005, au sein de la pépinière de Technowest. Il a donné lieu à un deuxième projet, puis à un troisième. Avec le soutien de la Région, nous avons fondé un premier cluster et le Salon UAV Show, dont la première édition en 2010 a profité d’une bonne visibilité. Au départ, c’était un peu balbutiant mais je me rappelle que des entreprises comme Delair, dont les fondateurs étaient très jeunes, exposaient : aujourd’hui, ils sont devenus le fleuron de la filière drone en France. Par la suite une dynamique s’est enclenchée à Bordeaux et en Nouvelle-Aquitaine. Depuis 2014, les équipes de Beam nous accompagnent dans l’organisation de UAV Show. L’appui de leur expertise dans la production d’événement, a joué un rôle structurant dans le développement du Salon.

Nous nous positionnons aujourd’hui comme la première région française à faire la promotion, l’accompagnement et le développement de la filière drone. Depuis 20 ans, déjà !

 

À quel point la collaboration entre les startups et les grands groupes est-elle essentielle pour la filière ?

Si les jeunes startups sont assez innovantes, l'accession au marché n'est pas toujours évidente. Elles ont besoin aussi de financements. Il est donc nécessaire pour elles de trouver des clients et de tisser des partenariats avec de grands groupes industriels, qui sont déjà dotés d’une expérience importante. En somme : il n’est pas toujours simple, pour une start-up, d’évoluer seule. Mais en contrepartie, les industriels, l’État ou encore l’armée, sont les premiers à avoir besoin d’elles. 

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Quels seront les temps forts de l’édition 2025 du Salon ?

Une large partie de la programmation de nos conférences sera orientée défense. L’une d’entre elles se concentrera sur le passage du prototype à la phase industrielle. On parlera également de ce que l’on appelle les drones males, ces grands drones qui peuvent être utilisés par les forces aériennes et aéronavales ou de la question de la lutte anti-drone. Nous évoquerons enfin d’autres aspects d’actualité comme l’IA.

Au-delà de cette orientation dédiée à la notion de défense, d’une offre Salon avec 110 exposants présents sur les deux journées les 14 et 15 octobre, le Démo Day journée de démonstrations de vols en plein air, proposera le 16 octobre, une démonstration du programme Pandrone, qui vise à sécuriser les sites aéroportuaires grâce à des systèmes autonomes de drones volants et terrestres. Il s’agit d’un programme qui s’étend sur trois ans, piloté en collaboration avec 17 partenaires académiques et économiques.

Alors que la programmation s’affine, nous pouvons d’ores et déjà annoncer que le coup d’envoi du Salon sera marqué par une keynote d’ouverture avec la participation de Nicolas Hesse, Préfet délégué pour la Défense et la sécurité de la Zone Sud-Ouest.