Responsable des événements Grand Public chez BEAM, Aymeric Peneau est à la tête de l’organisation de la Foire de Bordeaux.
Honoré des Bordelais et Néoaquitains depuis plus de cent ans, l’événement a su s’adapter à son époque en séduisant tous les âges et en s’adaptant aux nouvelles tendances sociétales.
Parlez-nous de la Foire de Bordeaux 2024. Quelles surprises réserve-t-elle ?
L’édition 2024 aborde un angle inédit en accueillant l’expo-événement Colors Festival, le plus grand festival d’art urbain et de street art de France, qui réunit plus de 80 œuvres de 25 artistes de renommée internationale. Une thématique haute en couleurs que nous déclinons également avec le lancement d’une Color Run, une course caritative de 4km à vivre entre famille ou entre amis, dédiée, pour sa première édition, à la prévention du cancer du sein. Historiquement, chaque Foire de Bordeaux se consacrait à un pays, mais nous avons innové l’année dernière avec la thématique de l’espace et continuons en 2024 à tisser ce fil rouge de la découverte. L’innovation y occupe aussi une place importante, grâce au Trophée Gustave, à l’initiative des Foires de France et dont l’objectif est de promouvoir les talents inventifs du territoire. C’est vraiment ce que nous attendons d’un tel rendez-vous : une offre étonnante, locale et hétéroclite. Nous voulons que le visiteur sorte de sa journée époustouflé, avec l’impression d’avoir vécu une véritable expérience immersive et ludique, en ayant payé un tarif raisonnable.
Quels sont les secrets de la longévité de cet événement ?
La Foire de Bordeaux est un événement atypique et unique, qui réussit à mêler authenticité, culture, agriculture, expériences ludiques et inédites… sans oublier son ADN fondateur : l’offre marchande. Rappelons que depuis ses débuts, il y a près de cent ans sur la place des Quinconces, jusqu’au Parc des expositions construit en 1969 pour l’accueillir, cet événement apporte des opportunités d’achats, de ventes mais aussi de rencontres. Si la réussite de sa longévité tient avant tout de l’engagement de ses 800 exposants, nous cultivons aussi le parti pris d’enrichir son offre marchande (historiquement constituée des pôles art de vivre, habitat et gastronomie), en visant d’une part, à chercher la cible jeune, et d’autre part, à répondre aux nouvelles attentes sociétales. C’est de cette manière que nous proposons une expérience festive, fière de mélanger les populations et les communautés.
Ces nouvelles attentes sociétales, quelles sont-elles et comment y répondez-vous ?
L’écomobilité nous apparait comme l’une de ces exigences actuelles majeures. Elle fait justement l’objet d’un nouveau pôle à découvrir cette année au sein de la Foire. Nous répondons ici, à une réelle tendance de consommation énergétique, raisonnée, appelant à plus de sens et à une évolution des mœurs nécessaire. Je pense par ailleurs au Big Dressing proposé cette année, à travers lequel nous mettons en avant la seconde main, le réemploi des vêtements, l’économie circulaire, l’upcygling… tout en valorisant uniquement des créateurs régionaux. C’est un exemple assez illustratif de la stratégie que nous défendons : rester fidèle à l’héritage de la Foire, en l’adaptant à la demande d’aujourd’hui, tout en restant dédié au territoire !
L’événement semble avoir trouvé son public jeune…
C’est effectivement l’une des cibles que nous visons, avec ce que j’appelle « les événements dans l’événement ». Typiquement, la RoboCup Junior va accueillir pendant deux jours 350 joueurs de 5 à 19 ans pour participer à sa finale nationale. Le Bordeaux GeekFestival et ses cosplays nous apportent également leur lot de fraicheur. Mais les jeunes ne sont pas l’unique public que nous visons ! À travers notre offre diversifiée, nous essayons justement de séduire toutes les strates d’âge, les séniors comptant autant que la génération Z. C’est en cet aspect que réside toute la complexité du « modèle foire » ! Avec l’exigence, par ailleurs, d’incarner ce moment feel good, authentique et convivial, dans un contexte politique et sociétal qui peut se révéler anxiogène. La Foire Internationale de Bordeaux doit rester ce rendez-vous populaire capable de rassembler amis et familles, le temps d’expériences festives et extraordinaires. Dans cette lignée, je pense par exemple au blind test que nous organisons cette année avec Philippe Maurice, maître de soirée très apprécié des Bordelais. À lui seul, ce personnage remplit parfaitement le cahier des charges de la Foire : loufoque, parfois kitch mais à la mode et surtout… très à cheval sur la rigolade !
